Avec Coming Home, série et livre entamé en 2021, Varvara Gorbunova conçoit un retour au source dans la Russie rurale qui l’a vu grandir et de laquelle elle s’est détournée après l’invasion de l’Ukraine.
Véritable capsule mémorielle, le travail de la jeune photographe raconte les tomates qui murissent et les baignades dans la Volga. Dans une teinte dorée, lumière des vacances scolaires et des jours d’été, on y voit sa famille, de la prime jeunesse au grand âge, les délicats portraits des souvenirs qu’on voudrait garder. « En tant qu’adulte, je pouvais encore ressentir et photographier mon enfance. C’est ce que j’ai fait lors d’une de mes visites estivales. Je pense également que le fait d’avoir été immigré pendant sept ans a contribué à façonner ce projet. Lorsque vous vous éloignez de votre maison, une distance se crée et vous voyez soudain tout sous un angle différent », résume-t-elle. Influencée par le travail de Richard Avedon et notamment In the American West ainsi que par Paolo Sorrentino, Varvara Gorbunova travaille sur un tout autre registre. Celui d’une douceur nostalgique rendue d’autant plus nécessaire depuis les grands cataclysmes géopolitiques des dernières années : « Il est juste d’ajouter qu’après le début de la guerre en Ukraine, ma relation avec ma région natale a radicalement changé. Elle est soudain devenue l’opposé de ce dont je me souvenais, froide et peu accueillante. Le projet est donc devenu une sorte de capsule temporelle qui me permet de regarder en arrière et de revivre cet endroit qui n’existe plus », conclut-elle.