Les œuvres présentées dans cette exposition s’inscrivent dans l’histoire encore largement méconnue du marronnage au Suriname et en Guyane française. Dans l’ancienne colonie hollandaise la fuite des « esclavisés » en dehors des plantations engendre dès le 17e siècle la création de plusieurs communautés que protège la forêt amazonienne. Menant des campagnes qui s’avèrent trop coûteuses, les autorités de la colonie concluent dès le milieu du XVIIIe siècle des traités avec les Marrons (Saamaka, Djuka) qui les reconnaissent en tant que sujets libres. En Guyane, la France fera de même pour les Boni en 1860. Originaire de différents peuples d’Afrique, ces femmes et hommes recomposent en Amazonie des collectifs aux institutions originales. C’est ainsi qu’une fois la paix revenue, ils inventent vers le milieu du 19e siècle un art de l’entrelacs, poésie géométrique indissociable des artefacts que chacun produit pour soi et ses proches : fronton de maison, pirogue, pagaie, peigne, tambour, etc. D’abord sculpté et gravé, le Tembe se colorise dans la seconde moitié du 20e siècle, jusqu’à être porté sur la toile.
© Ramon Ngwete / courtesy Artiste et galerie Dominique Fiat