Pour sa 35e édition, le festival L’été photographique de Lectoure explore l’entrelacs entre nos vies quotidiennes et la planète Terre, sous le titre de Terra Nostra. Présenté jusqu’au 29 septembre dans des lieux emblématiques du patrimoine de la ville de Lectoure, le festival s’élève aux côtés d’une photographie plurielle, innovante, politique qui surfe sur une vague de poésie.
À l’aube des catastrophes environnementales et sociétales, qu’en est-il de l’indissociable lien entre l’humain et sa planète ? Alors que notre Terre se dérobe sous nos pas, le festival L’été photographique de Lectoure réenchante les récits du vivant. Avec son thème Terra Nostra, la nature se déploie à travers sept expositions de photographies contemporaines qui s’enracinent dans les murs de Lectoure, une ville aux mille et une histoires. Les artistes invité·es s’emparent des mythes et des traditions d’hier et d’aujourd’hui pour composer un témoignage poétique de notre passage sur Terre et de notre relation avec l’environnement. Elaine Ling et Juliette Agnel se métamorphosent en ethnographes et partent en quête de l’invisible dans l’étendue des paysages. Thomas Mailaender élabore un musée archéologique parsemé des centaines de jarres et assiettes imprimées de chromos — technique photographique datant de 1870 utilisée dans les arts décoratifs — d’images d’archive du terreau collectif d’Internet. Et Esmeralada Da Costa propose un voyage photographique entre le nord du Portugal et la France pour mettre en lumière ses racines et celles des éléments naturels qui permettent notre vie. Tous ces récits d’images nous transportent dans le monde de Gaïa, déesse de la Terre. Ils la célèbrent. Mais ils alertent, car si mère Nature venait à disparaître des coups de haches que nous lui portons, notre histoire s’envolerait avec elle.
En Corse, la photographie témoigne des mutations du territoire
Cette année, le festival propose un focus sur la photographie corse émergente. Pensée par la commissaire d’exposition et critique d’art Madeleine Filippi et Lydie Marchi, l’exposition Punti di vista, présentée à l’école Bladé, fait dialoguer les travaux de Sébastien Arrighi, Yoann Giovannoni, Yan Leandri, Lea Eouzan Pieri, Mattea Riu et Lou Sémété. La mémoire et le temps imprègnent l’approche documentaire de ses artistes qui racontent les conflits socio-politiques et environnementaux auxquels est confrontée l’île méditerranéenne. Le paysage corse devient le décor des problèmes liés à l’eau, des enjeux démographiques ou encore de la perte de repères culturels. Iels en font le personnage principal de leurs récits alternatifs, dépouillés de stéréotypes. Le maquis, les ruines, les voitures et les plantes expriment un passé et ses rites propres à la Corse. Les mythes côtoient la réalité, l’environnement se transforme. Les images, des six photographes natif·ves et engagé·es, permettent une déambulation lyrique des tiraillements et des conflits de leur génération, avec la distance nécessaire pour éviter l’appropriation politique.