Dans la chaleur des rues d’un mois de septembre, la ville renoue avec la quiétude de la saison creuse. Désertées par les êtres de passage qui y ont profité de l’été, la vie reprend son cours sous un autre jour, encore baigné de cette lumière dorée qui fait le charme du sud. « Quand on décide de vivre dans une ville comme Biarritz qui, les vacances venues, est synonyme de mouvement, de foule, de bruit et de rencontres perpétuelles, le quotidien est bouleversé. La période hors-saison soulève un intérêt différent. C’est à ce moment-là que l’on retrouve toute l’âme de l’espace qui nous entoure », assure Roberto Badin. Originaire de Rio de Janeiro, le photographe a emménagé au Pays basque il y a quelques années maintenant. Si la région l’inspire chaque jour, l’arrivée du Covid a freiné sa créativité. « La situation nous était imposée et tout le monde pouvait faire la même chose ou presque. Ça devenait du reportage et ça m’a bloqué. Contrairement à beaucoup, je n’ai pas fait de photo de tout le confinement », poursuit-il.
Prolonger l’allégresse de la saison
En septembre 2021, aux prémices d’un retour à la normale, alors qu’il reprend goût au 8e art, Roberto Badin décide de se livrer à une cartographie imagée du territoire qu’il habite. À la manière d’un jeu de piste, il se plaît à disséminer des indices, de telle sorte à ce que celui ou celle qui parcourt l’ouvrage puisse retrouver la trace de ces lieux, toujours en proie à « l’évolution rapide des quartiers ». À l’instar d’un voyageur en terrain connu, l’artiste fixe également une échéance à ses pérégrinations qui se limitent à d’étonnantes frontières. « Quand j’ai commencé ce projet, je me déplaçais seulement à pied. Je notais systématiquement le nom des endroits où je prenais mes photos car j’aimais bien l’idée d’en titrer certaines d’entre elles de cette façon. Je me suis rendu compte que la distance que je couvrais, quel que soit le sens dans lequel j’allais, était à peu près la même : 4 kilomètres. Hasard ou non, il se trouve que la plage de Copacabana, que je traversais tous les jours lorsque j’habitais au Brésil, fait également 4 kilomètres », remarque-t-il.
Si le souvenir semble avoir imprégné la série tout entière, il s’exprime ici non pas dans la nostalgie d’un instant évanoui, mais dans l’inspiration, « cette espèce de bagage culturel qui nous suit » et nourrit notre regard sur le monde. Comme le suggère son auteur, Après l’été se présente comme un de ces petits romans d’été que l’on emporterait à la plage et que l’on aurait plaisir à finir à l’automne. Entre ses pages se sont glissés quelques grains de sable et nos expériences estivales. Dans le charme léger du commun, elles prolongent la douceur et l’allégresse de la saison qui s’achève soudain. Pareil à un « fragment de réalité que l’on redécouvre avec le temps », l’ouvrage réussit le pari de nous faire rêver à une escapade impromptue pour se délecter d’une ville balnéaire qui rayonne toute l’année.
Après l’été, Éditions 37.2, 160 pages, 45 €.
Roberto Badin sera en signature à la librairie Yvon Lambert, à Paris, ce jeudi 16 mars de 18h à 20h.
La série sera exposée à la fin de l’été, du 24 août au 1er octobre 2023, à la Galerie L’Angle, à Hendaye.
© Roberto Badin