En parallèle de notre actualité aux Rencontres d’Arles, le début du mois de juillet est aussi marqué par la sortie de notre dernier numéro, dédié aux femmes photographes ! Un engagement porté par un constat sans appel : le combat pour l’égalité est loin d’être terminé.
« La place des femmes dans la photographie, en tant qu’autrices ou actrices, a évolué depuis quelques années. Les questions de représentativité, de parité et d’équité font progressivement leur chemin. Sous la pression d’associations, d’artistes, d’éditrices, de galeristes, de médias, mais aussi d’institutions et de festivals, la reconnaissance de l’importance des femmes dans le 8e art gagne du terrain (…). Mais de l’avis de l’ensemble de nos interlocuteurices, en dépit des avancées, il reste encore des inégalités à combattre – dans l’histoire de la photographie comme dans ses manifestations concrètes : expositions, publications, projections… » Après avoir dédié un hors-série aux femmes photographes, collaboré avec Women In Motion, le prix féministe à l’initiative de Kering, ou encore avec Elles x Paris Photo, s’attachant à conserver une parité constante dans ses publications, la rédaction de Fisheye consacre son numéro d’été à celles qui font du 8e art le cœur de leur métier. Mises au point par des spécialistes de l’image, entretiens avec Laia Abril, photographe engagée et autrice de A History of Misogyny, et Ingrid Milhaud, directrice photo de la revue militante La Déferlante, témoignages d’éditrices photo… Au menu de notre dossier thématique, un tour d’horizon des luttes qu’il nous faut continuer de mener pour parvenir à abolir les injustices sexistes.
Loin des filtres et des clichés
Également au cœur de notre cahier central, les femmes photographes partagent des récits poignants, délicats, actuels. Créant à partir de scénarios qu’elle se plaît à imaginer, Marisol Mendez questionne, dans Madre, la représentation blanche, misogyne et coloniale des femmes boliviennes, croisant folklore, portraits frappants et iconographie catholique. Brodant ses photographies, qu’elle définit comme des « images-sensations », Sabatina Leccia traverse la nuit et la recouvre d’un voile poétique où s’accroche le réel pour laisser place à l’onirisme. À l’aide de centaines de photos d’archives datées des années 1930 à la fin du 20e siècle, Odette England pointe du doigt les rapports de dominations, et les violences ordinaires et domestiques contre les femmes. « Un assaut constant » traduit par des visages cachés – par des mains, pour les “victimes”, et par un objectif pour les “assaillants”. En noir et blanc, Chloé Jafé pointe son objectif vers les femmes qui soutiennent leurs maris au sein de la mafia japonaise. Des figures fortes dont elle peint un portrait poignant, loin des clichés et des filtres apposés sur le pays du Soleil Levant. D’origines et de cultures différentes, Lebohang Kganye, Flora Nguyen et Adeline Rapon explorent, toutes à leur manière, l’impact et les séquelles du colonialisme dans des séries croisant explorations plasticiennes, images d’archives et créations modernes. Enfin, à travers Femmes d’Alger dans leurs nouveaux appartements, Lydia Saidi recueille les témoignages et photographie celles qui choisissent de quitter le foyer familial, en Algérie, pour mener une vie de célibataire. Un choix personnel déconstruisant les codes d’une société ancrée dans des codes patriarcaux.