Des plages de San Diego, Californie, à l’intimité du studio où il s’auto-portraitise avec humour et détachement, Xavier Autrey Holschneider cherche l’équilibre – délicat – entre ombre et couleur.
Se définissant comme « un père mexicain de quatre enfants, travaillant dans la finance », Xavier Autrey Holschneider pratique la photographie comme une addiction nécessaire : « Pour moi, elle est un puissant moyen de connaissance de soi, d’expression et de thérapie, au milieu du chaos et de la joie de la vie de famille » explique-t-il. Influencé par les compositions graphiques et picturales de Robbie Lawrence, Jack Davison, Sarah Rij, Lydia Roberts ou encore Christopher Anderson – et leur capacité à sublimer l’ordinaire, l’artiste peint avec la matière, s’amuse des déformations que crée l’eau sur les lèvres d’un enfant, recueille d’abstraits reflets sur le verre d’une bouteille.
Parfois la prose visuelle devient plus sombre, l’autoportrait se fait jeu de ténèbres qu’un œil à la Miró n’illuminera pas. Car l’engouement est né d’un deuil, celui de son meilleur ami, à dix-neuf ans, et de l’appareil que sa mère lui offre, comme un rappel ambigu à la vie. Contraste donc, avec les palmiers et la plage, avec ce portrait féminin d’une langueur estivale. « Il y a des idées qui me viennent lorsque je suis allongée dans mon lit, lorsque je réalise que je suis “n’importe où, mais pas ici”. Cela signifie que mon esprit me transporte partout au lieu de se reposer ou de me laisser être seul. J’utilise parfois ces injonctions sur mes shootings. La dualité est un aspect important pour moi. J’ai compris que la vie est une grande contradiction, que nous éprouvons des sentiments contraires tout le temps ! C’est pourquoi je suis si attiré par les ombres, car je crois qu’elles sont le symbole de cette dualité », conclut-il.