« Ensemble », l’édition 2025 de L’été photographique de Lectoure, met à l’honneur le collectif. Du 12 juillet au 21 septembre 2025, la ville se transforme en un gigantesque musée où les œuvres ont pour fonction de réunir et de créer des espaces de partage.
Face à la multiplication des conflits et aux vagues de politiques haineuses qui traversent actuellement le monde, créer des espaces de partage se révèle plus que jamais nécessaire. C’est dans ce contexte que L’été photographique de Lectoure présente son édition 2025, intitulée « Ensemble ». Organisé par le Centre d’art et de photographie de Lectoure, le festival investit la ville occitane du 12 juillet au 21 septembre 2025. S’y déploient des œuvres exprimant la capacité du médium à faire communauté, à repenser notre rapport à l’autre et à produire de nouveaux imaginaires. Défis que relèvent brillamment les créateur·ices réuni·es par cette saison aux approches et thèmes variés. Y est notamment mis à l’honneur Arlene Gottfried, exposée à la Maison de Saint-Louis. Le lieu abrite A Voice of Her Own, série de clichés pris de 1972 à 1995, mettant en lumière la poésie des quartiers de New York malgré la violence qui y sévit. Sympathisant avec les habitant·es dont elle fait le portrait, l’artiste noue des relations au moyen de la photographie. Son travail en est la preuve : l’image rassemble. Et avec elle l’acte créatif qui en est à l’origine, alliant parfois plusieurs voix. En atteste Parce que. Ici, résultat de trois ans de prises de vue coréalisées par Anne Desplantez et les enfants du Sarthé, jeunes placé·es dans une maison d’enfants à caractère social. Prolongeant cette dimension collaborative, de nombreux autres groupes et duos participent à la présente édition, tels Nelly Monnier et Éric Tabuchi, Kévin Chrismann et Laura Freeth ou encore le collectif le commun des mortels.
Interroger nos modes de représentation
Cette année, le festival fait la part belle à la jeunesse. Qu’il s’agisse de Parce que. Ici, de La Mue d’Alassan Diawara ou encore de l’exposition Visages d’enfance dans les années 1930, chacun de ces projets se saisit du genre du portrait et interroge les représentations qu’il véhicule. Sondant la manière dont ces dernières façonnent notre perception des jeunes à travers les mécanismes et conventions qu’elles perpétuent, ces œuvres encouragent le public à modifier son regard sur cette tranche de la population. Mais elle n’est pas la seule visée. Felipe Romero Beltrán, au travers de son installation vidéo Recital, illustre la violence de la bureaucratie envers les personnes migrantes et la position de vulnérabilité à laquelle elle les soumet. En montrant cette dimension de la question migratoire, l’artiste participe à construire des contre-représentations aux récits dominants. « Ensemble » joue ainsi avec les codes et traditions de la photographie pour mieux l’en détacher et permettre à de nouveaux rapports d’émerger.