Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz

Il y a 8 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ? © Sophie Alyz
Main distordue
La première photographie qui t’a marquée et pourquoi ? © Sophie Alyz

Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les sujets qui les inspirent. Aujourd’hui, Sophie Alyz nous plonge dans son univers poétique, façonné par les expérimentations.

Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ?

C’est une question difficile, car je reviens très peu sur mon travail passé, je choisirais donc une image relativement récente : « La Vague », une photo prise à Dieppe. C’est un cyanotype teint, tiré de Disquiet. Cette série aborde le thème de la dépression. Il est assez rare que je me penche sur des sujets intimes, mais j’ai réalisé combien ce sujet était encore tabou et il m’a semblé important d’en parler.

La première photographie qui t’a marquée et pourquoi ?

Je me souviens très clairement des premières images qui m’ont fortement marquée, mais il s’agissait d’illustrations de livres plus que de photos. Il y a notamment une édition que j’ai retrouvée chez ma mère, récemment, et qui me fascinait quand j’étais enfant : De l’autre côté du miroir et de ce qu’Alice y trouva, de Lewis Carroll, illustré par Jocelyne Pache, chez Flammarion, en 1975. Le livre est en piteux état, mais je suis très heureuse de l’avoir retrouvé ! 

Une vague
Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ? © Sophie Alyz
Deux personnes sur une plage
Un shooting rêvé ? © Sophie Alyz
Une femme de dos, accoudée à une fenêtre
Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ? © Sophie Alyz

Un shooting rêvé ?

J’aime de plus en plus traiter de sujets dits « documentaires » avec, d’un point de vue artistique, une approche expérimentale. C’est un peu ce que j’ai eu l’occasion de faire l’année dernière lors de la résidence Planches Contact/Photo4Food, avec la série Les Atomes à coquilles, qui abordait l’érosion côtière en Normandie, ou avec Chère Maman, ici tout va bien, qui documentait les incendies de Gironde en 2022. Je serais très heureuse de me voir confier des sujets documentaires à traiter avec une écriture assez expérimentale. 

Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ?

Le terme est un peu fort, mais je suis profondément touchée et inspirée par l’œuvre du peintre danois Vilhelm Hammershøi. J’ai découvert son travail lors d’une exposition à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, en 2013, ça a été une sorte de révélation. Il y a eu un avant et un après Hammershøi dans mes inspirations. 

Une émotion à illustrer ?

Je dirais que je cherche plutôt à illustrer cet espace où se rencontrent deux émotions, cette zone un peu trouble où des sentiments qui paraissent contradictoires cohabitent, comme la mélancolie et la joie, la colère et la motivation, le désir et la peur par exemple. Ce sont ces endroits hybrides qui m’intéressent le plus. 

Portrait flou en noir et blanc
Une émotion à illustrer ? © Sophie Alyz
Coucher de soleil sur la plage
Un genre photographique, et celui ou celle qui le porte selon toi ? © Sophie Alyz
Plage au crépuscule
Un territoire, imaginaire ou réel, à capturer ? © Sophie Alyz

Un genre photographique, et celui ou celle qui le porte selon toi ?

Il m’est impossible de choisir un seul genre, car beaucoup m’émeuvent, depuis la poésie de Pentti Sammallahti à la mode de Sarah Moon, en passant par l’approche écologique de Nick Brandt, il y en a tant ! C’est très varié, mais, quels que soient le genre et l’esthétique, c’est avant tout la sensibilité et la sincérité d’un photographe qui priment selon moi.

Un territoire, imaginaire ou réel, à capturer ?

Une ville engloutie.

Une thématique que tu aimes particulièrement aborder et voir aborder ?

J’aime beaucoup le fait que de plus en plus de photographes abordent des thématiques écologiques avec des visions très différentes, depuis la photo documentaire pure aux expérimentations plus abstraites, en passant par les approches plus intimes. Il est intéressant et encourageant de voir que tant d’artistes ont des choses à dire à ce sujet.

Plage de Gironde
Une thématique que tu aimes particulièrement aborder et voir aborder ? © Sophie Alyz
Orage en bord de mer
Une œuvre d’art qui t’inspire particulièrement ? © Sophie Alyz

Un événement photographique que tu n’oublieras jamais ? 

L’exposition Sarah Moon, Coïncidences à la MEP en 2003. C’est peu de temps après cette visite que j’ai décidé de me mettre réellement à la photo. Je tournais autour du pot depuis plusieurs années, ça a été le déclencheur. 

Dans un tout autre genre, mais qui est également très importante à mes yeux : l’exposition Gilles Caron, Le conflit intérieur, au musée Photo Élysée à Lausanne, en 2013. Je n’avais jamais vu le photojournalisme abordé sous un tel angle, ça a été une véritable claque, j’ai rarement visité une exposition photo aussi forte.

Une œuvre d’art qui t’inspire particulièrement ?

Le Phare sur la digue de Léon Spilliaert. Cette image est affichée au-dessus de mon bureau depuis des années, elle m’inspire énormément.

Une femme fumant une cigarette sur un canapé, à côté d'une tête de lion
Un événement photographique que tu n’oublieras jamais ? © Sophie Alyz
À lire aussi
Focus #71 : Sophie Alyz et les oiseaux qui prennent le train
04:54
© Fisheye Magazine
Focus #71 : Sophie Alyz et les oiseaux qui prennent le train
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Ce mois-ci, Sophie Alyz traite, avec Beak, de l’impact de l’homme sur son environnement au travers…
27 mars 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Lee Miller, mélancolie débordante et chambres d'hôtel : dans la photothèque d'Éloïse Labarbe-Lafon
Diane et Luna, 2023 © Eloïse Labarbe-Lafon
Lee Miller, mélancolie débordante et chambres d’hôtel : dans la photothèque d’Éloïse Labarbe-Lafon
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur…
12 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Explorez
Dans l'œil de Jonathan Chandi : un clip dans un monde parallèle
© Jonathan Chandi
Dans l’œil de Jonathan Chandi : un clip dans un monde parallèle
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Jonathan Chandi, photographe autodidacte belge. L’artiste réinterprète avec une grande délicatesse et...
11 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 4 août 2025 : revoir le monde
Metropolis III, 1987 © Beatrice Helg
Les images de la semaine du 4 août 2025 : revoir le monde
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye nous invitent à porter un autre regard sur le monde selon des...
10 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Béatrice Helg : la musique du silence
Éclats IV, 2013 © Beatrice Helg
Béatrice Helg : la musique du silence
Au musée Réattu d’Arles, dans la fraîcheur d’une ancienne commanderie de chevaliers, le silence devient matière. Jusqu’au 5 octobre 2025...
05 août 2025   •  
Écrit par Benoît Baume
La sélection Instagram #518 : silences nocturnes
© Adélie Martin Bardot / Instagram
La sélection Instagram #518 : silences nocturnes
La nuit, les monstres s’éveillent, les rêves s’animent. Si elle peut être inquiétante, elle est aussi le temps de la féerie. Les artistes...
05 août 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ? © Sophie Alyz
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
© Claire Delfino
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
Quand la photographie devient le lieu d’un tissage mémoriel, politique et sensible, le mentorat des Filles de la Photo affirme toute sa...
12 août 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #519 : évasion infinie
© Giorgia Pastorelli / Instagram
La sélection Instagram #519 : évasion infinie
Liberté. Ce mot résonne avec le clairon de l’été. Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine célèbrent la douceur et le...
12 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Dans l'œil de Jonathan Chandi : un clip dans un monde parallèle
© Jonathan Chandi
Dans l’œil de Jonathan Chandi : un clip dans un monde parallèle
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Jonathan Chandi, photographe autodidacte belge. L’artiste réinterprète avec une grande délicatesse et...
11 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger