Pour la première fois depuis leur spectaculaire rétrospective au Musée d’Ixelles en 2017, Pierre et Gilles reviennent à Bruxelles, avec leur nouvelle série, Les couleurs du temps. Développé à quatre mains – Pierre le photographe et Gilles le peintre –, cet ensemble, ancré dans l’époque, s’ouvre sur un hommage à l’Ukraine avec La promesse aux couleurs du pays en guerre. En contraste avec la gravité du propos, Pierre et Gilles déclinent une galerie de portraits tour à tour ludiques et inquiétants. Les références au sacré et aux icônes religieuses abondent. Ils convoquent des visages inconnus ou familiers, de Fanny Ardant à Tahar Rahim, dans des mises en scène plus complexes que jamais. Ils inventent des personnages archétypaux : de jeunes Apollons entourés de flamands roses, clochard au grand cœur, dealer repenti, mendiant angélique ou marins nostalgiques. Sans en avoir l’air, Pierre et Gilles évoquent ainsi de nombreux débats qui traversent la société, des questions d’identité sexuelle en passant par les phénomènes d’exclusion sociale, la dépénalisation des drogues douces, la tolérance religieuse ou la pollution des océans. L’ambivalence de leur art, entre peinture et photographie, illusion et réalisme, permet de porter, tout en nuance, un message de tolérance dans une époque déchirée par les conflits et les inégalités.
© Pierre et Gilles, Sunset on Uranus (Paul B. Preciado), 2022 / Courtesy of galerie Templon