Les images qui sont réalisées sans aucune intention humaine se développent et prolifèrent autour de nous. Photomatons, caméras de surveillance, satellites, drones… Si ces images pouvaient laisser croire de prime abord à la disparition des auteurs, ceux-ci retournent le paradoxe en se servant d’elles comme matériau pour retrouver leur autorité. Le développement des techniques est toujours un révélateur des préoccupations d’une société et de son inconscient technologique, et ces nouvelles photographies nous racontent quelque chose de notre époque.
Nous posons donc la question de ces images sans auteur. Qu’apportent-elles ? Que racontent-elles ? Quels sont leurs usages ? Comment les artistes en reprennent-ils possession ? Le sujet est vaste et touche aux frontières de la liberté. Avec cette masse de photos, la réflexion se pose désormais sur leur analyse et leur exploitation dans cet ensemble « merveilleux » qu’est le Big Data. Chaque image automatisée contribue à un système pour le moins discutable, et que pourtant personne ne réfute. En tant que magazine de société sur l’image, nous nous devions d’ouvrir le débat.
Dans ce numéro, vous trouverez aussi un reportage sur la photothérapie, une enquête sur la photographie en Chine, un portrait d’Eileen Gittins, la fondatrice de Blurb, et bien sûr des portfolios comme celui de Géraldine Millo sur les jeunes en formation, ou encore celui d’Estelle Hanania qui met en scène de drôles de personnages conjurant les mauvais esprits de l’hiver. Avec aussi le regard de David Burnett sur le sport, et bien d’autres choses encore…