Du 19 octobre au 5 janvier prochain, Deauville accueillera la nouvelle édition de Planches Contact. Comme à l’accoutumée, le festival a convié plusieurs photographes à imaginer des projets inédits autour du territoire normand.
Depuis quinze ans déjà, Deauville se transforme chaque automne en un champ de création innovant. À l’occasion de Planches Contact, des noms bien connus de la scène photographique comme des talents émergents se rassemblent pour exprimer leur vision de la Normandie. Depuis son lancement, sous l’impulsion de Philippe Augier, maire de la ville et président des Franciscaines, la manifestation n’a eu de cesse de croître, investissant davantage l’espace public et invitant un plus grand nombre d’artistes d’horizons différents à séjourner en résidence.
« Véritable laboratoire d’expérimentations diverses, Planches Contact permet d’approfondir des recherches ou d’en initier de nouvelles. Le festival est l’espace d’une réflexion permanente, autant sur les moyens d’expression de la photographie, que sur les façons de la présenter, avec une attention toute particulière à sa restitution avec une scénographie appropriée et originale. Mais il est aussi un lieu de réflexion sur l’état du monde et d’exercice de résistance, par la création de réalités parallèles par l’ouverture et le questionnement », assure Laura Serani, directrice de l’évènement. L’édition à venir convoquera une vingtaine de photographes originaires d’Europe ou d’Afrique, mais également des États-Unis ou de Chine. Dans des approches disparates, toutes et tous ont entrepris de saisir un territoire qui leur était parfois étranger, de relire son histoire ou de soulever les questions sociétales ou intimes qui l’animent. Sous la forme d’installations, d’expositions ou encore de projections, les projets présentés inviteront ainsi à une confrontation des regards.
La programmation en détail
Pour Another America, Phillip Toledano a notamment eu recours à l’intelligence artificielle pour retracer une réalité où s’entremêlent faits historiques et inventés de toutes pièces. Alessandro Calabrese s’immerge quant à lui dans les archives et les fonds de la collection des Franciscaines. Chacune à sa manière, Sara Imloul et Patricia Morosan s’intéressent à la mémoire, la première par l’entremise de l’eau, la seconde par celle des pierres. Photographe de renom à l’œuvre conséquente, Dominique Issermann et ses silhouettes et autres paysages oniriques prendront leurs quartiers sur la plage. Avec délicatesse, Cloé Harent révèle la puissance et la fragilité de la biodiversité des estrans. Dans des tirages semblables à des aquarelles, Sophie Alyz prolonge la poésie dans une étude du phénomène de recul du trait de côte. Porté par un même attrait pour l’aspect plastique de l’image, Richard Pak se fait voleur d’îles, Maximilien Schaeffer fige l’éphémère et Nicola Fioravanti fait la part belle à la couleur tandis que Coco Amardeil compose un singulier abécédaire teinté d’humour.
Dans un autre genre, Julien Mignot rend hommage à l’effervescence du public lors du Festival du cinéma américain de Deauville. Huang Xiaoliang, en résidence avec l’association Yishu 8, s’intéresse également aux nuances de la station balnéaire, mais quand celle-ci est désertée, une fois la folie passée, comme l’indique le titre de sa série. Accompagné par la fondation photo4food, Éric Bouvet a fait escale sur la côte normande pour poursuivre son vaste panorama social et politique de la France. Pour Corinne Vachon, la découverte de la Normandie passe par ses métiers artisanaux. Bettina Pittaluga partage cette envie de livrer un témoignage de la population locale au travers de portraits intimes et sensibles réalisés dans des lits. Puisant leur inspiration dans le monde spirituel des Vikings, qui ont habité ces terres, Joan Alvado et Marie Wengler explorent, dans deux projets distincts, le paysage par ce prisme. Enfin, Rachel Seidu dresse un parallèle quant aux questions de genre entre le Nigeria dont elle est native et l’Hexagone. À l’occasion de son 70e anniversaire, la Fnac dévoilera une partie de son fonds photographique dans Le Siècle des vacances, de la villégiature au tourisme de masse. L’exposition accompagnera la sortie de Regards, un beau-livre disponible à compter d’octobre aux éditions Gallimard.